Le Sénégal se dirige vers des élections législatives cruciales dont les enjeux sont incommensurables. La course vers la place Soweto de Dakar est très ouverte. Le parti au pouvoir pour dérouler son projet a besoin d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale. L’opposition pour sa part n’est pas prête à laisser le champ libre à Sonko et Diomaye. Quitte à s’adonner à des alliances contre nature.

Le landerneau politique sénégalais, dans les prochains jours risque de connaître d’importants mouvements. Le 17 novembre prochain est l’autre grand rendez-vous électoral après celui du 24 mars dernier qui a vu l’avènement de Bassirou Diomaye Faye au pouvoir. Le nouveau régime à peine installé a trouvé une Assemblée nationale qui n’est pas à ses ordres. Autrement dit, l’Assemblée nationale trouvée en place battait « pavillon » Benno Bokk Yakaar. Cette majorité aussi minime était quand même une majorité.

D’ailleurs, dès l’arrivée de Diomaye au pouvoir, il s’était installé un climat de défiance et un dialogue de sourds entre l’Exécutif et le législatif. Ce bras de fer entre les deux a eu comme première conséquence le non lieu du débat d’orientation budgétaire (DOB). Le pic de ce conflit fut la défiance des députés de la majorité à l’exécutif menaçant le Premier ministre d’une motion de censure si jamais, il osait fouler ses pieds au sein de l’hémicycle. La suite est connue, le Premier ministre sénégalais n’a finalement pas tenu sa déclaration de politique générale.

Dans le souci de mettre fin à ce conflit qui desservait plus qu’il ne servait l’exécutif, le président de la République a usé de ses prérogatives pour dissoudre l’Assemblée nationale le 12 septembre dernier, lors d’une allocution télévisée. Bassirou Diomaye Faye usant de ses prérogatives avait tout simplement mis fin à la quatorzième législature. « En vertu des pouvoirs qui me sont conférés par l’article 87 de la Constitution, et après avoir consulté le Conseil constitutionnel sur la bonne date, le Premier ministre et le Président de l’Assemblée nationale, sur l’opportunité, je dissous l’Assemblée nationale. La date des élections législatives est ainsi fixée au dimanche 17 novembre 2024 », avait déclaré le Président sénégalais le soir du 12 septembre.
Aussitôt, après cette dissolution la course vers les élections législatives était donc ouverte.

La boutade de Sonko à ses alliés

Monsieur Sonko a clairement fait savoir à ses alliés que sa formation politique ira aux législatives sous sa propre bannière. Un langage de vérité qui n’a pas été du goût de certains alliés le faisant savoir. C’est le cas de Jean Charles Emile Abdou Ciss de ELEGU SENEGAL. Qui, dans un communiqué, informait de la fin de son compagnonnage avec le Pastef. « Chers compatriotes faisant suite à la décision de Ousmane Sonko de proposer une seule liste avec PASTEF pour les législatives et de coopter certains leaders de la coalition Diomaye Président, je voudrais rejeter cette offre et décliner tout choix sur ma personne pour figurer dans une liste de PASTEF », écrivait l’ancien allié du Pastef.

A entendre certaines voix issues du fond du Pastef, c’est comme qui dirait que la barque est devenue trop étroite. Khadija Mahécor Diouf n’est pas passée par quatre chemins pour casser du sucre sur le dos des anciens alliés de leur formation politique. Madame Diouf dans un poste sur sa page facebook écrivait ceci : « Moi, Khadija Mahécor Diouf je déplore avec la plus grande énergie les leaders de mouvements et de partis politiques  qui n’ont ni légitimité ni poids sur le terrain qui établissent des alliances au sommet, écartant ainsi ceux qui travaillent réellement  pour se positionner. Il est inacceptable que ces leaders, déconnectés des réalités locales accèdent  à des postes au détriment de nos militants dévoués. Nous devons résister à cette dynamique et affirmer notre droit à une représentation authentique. Osons le dire Jub Jubal Jubanti », avait fustigé la mairesse de Golf Sud.

Le jeu des alliances

Depuis la semaine dernière, l’opposition cherche à enfourcher le tigre par  des alliances tous azimuts, en vue des législatives du 17 novembre 2024.

Dans la galaxie politique commencent à se nouer des alliances mirifiques.  Les ennemis d’hier entendent enterrer la hâche de guerre et fumer le calumet de la paix. L’alliance pour la République (APR) et le Parti démocratique sénégalais (PDS) ont scellé le lundi passé leur union. Toutes ces deux formations ont chacune pour sa part dirigé le pays pendant douze ans (12 ans). En revanche cette idylle ne fait pas que des heureux. La parlementaire du PDS Mame Diarra Fam a refusé de rejoindre les rangs. Elle reproche à ses frères d’avoir trahi Karim Wade. « Je ne déposerais pas ma candidature à une alliance avec celui qui m’a mis en prison qui a mis en prison mon candidat qui l’a exilé et que j’ai mis 12 ans à combattre. Qui a accusé mon leader de vol de petit tapis du palais. Qui a dépouillé Wade de tous ses biens ! », a publié Mame Diarra Fam sur sa page Facebook, marquant ainsi sa totale désapprobation.

Ailleurs, d’autres formations sont en train de foncer dans le mur en klaxonnant. Amadou Ba sous la bannière de « Nouvelle Responsabilité » a décidé d’aller aux législatives avec le PS. L’ancien Premier ministre de Macky Sall et candidat malheureux à la présidentielle de 2024 et Aminata Mbengue Ndiaye, secrétaire générale du PS se sont dits oui à la maison du parti sise à Colobane le samedi 21 septembre 2024.
Sous la même coupole, d’autres alliances et non des moindre ont vu le jour : Khalifa Sall de Taxawu Sénégal Anta Babacar Ngom ( ARC), Déthié Fall (PRP) et Pape Djibril Fall ( Les Serviteurs) ont scellé leur union lundi passé. Leur nouvelle entité se nomme Samm sa Kaddu (le respect de la parole donnée). Aly Ngouille, ancien ministre sous Macky Sall est en train de bousculer la hiérarchie. Le natif  de Linguère rassemble autour de lui, l’ancien président de l’Assembée nationale Abdou Mame Diop, Mammouth Saleh et Mbaye Ndiaye.

Le décor est pour le moment campé en attendant l’ouverture des dépôts des candidatures. Avec des alliances à la pèle mêle, il reste certain que des forces se dégageront au soir du 17 novembre pour diriger l’hémicycle.

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