Ibrahima Sène dit “Bira” pourrait dire adieu à son fauteuil de président du CNG après le 30 septembre 2024, date de la fin de son mandat. Mais le successeur d’Alioune Sarr a un bilan qui même s’il est décrié par certains acteurs de l’arène, pourrait convaincre la ministre des sports et lui permettre de rempiler pour un troisième mandat.
L’homme est arrivé sur la pointe des pieds le 5 novembre 2020. Le ministre des sports d’alors, Matar Ba sortait de son chapeau un homme méconnu du grand public mais qui avait tout de même réussi à se faire un nom dans l’arène avec son poste de président du CRG (Comité Régional de Gestion) de Kaolack. Enseignant de formation, Bira Sène était ainsi propulsé au-devant de la scène en tant que nouveau président du CNG reléguant au second plan des prétendants tels que Mohamed Ndao Tyson ou encore Issa Ndiaye.
Après deux mandats, l’heure est ainsi venue de regarder à la loupe le bilan de Bira Sène qui quittera officiellement ses fonctions ce 30 septembre.
Un Président « réformateur » même si…
Dès son installation, le Président du CNG avait tenu à rendre la tâche facile aux acteurs de la lutte en procédant à l’allègement des coûts de prestations. Bira Sène avait ainsi fait passer de 500.000 FCFA à 200.000 FCFA le prix de la licence pour les promoteurs en lutte avec frappe, fixant également le prix de la licence à 75.000 FCFA pour les promoteurs en lutte simple. Le patron de l’Arène sénégalaise avait aussi fait bénéficier des mêmes largesses aux lutteurs qui ont vu le coût de leur licence être réduit à 5.000 FCFA (lutte avec frappe) et 3.000 FCFA (lutte simple).
Cependant, ces mesures tant appréciées par le monde la lutte ne perdureront pas car deux ans après leur mise en application, il y’aura des réajustements. Pour les promoteurs, la licence passe à 300.000 FCFA (lutte avec frappe) et 100.000 FCFA (lutte simple) sans oublier les lutteurs qui doivent désormais débourser 10.000 FCFA (lutte avec frappe) et 5.000 FCFA (lutte sans frappe) pour obtenir une licence. Une hausse qui avait d’ailleurs fait couler beaucoup d’encre et fait naitre une certaine opposition face au successeur d’Alioune Sarr. Toujours dans l’optique de moderniser la lutte sénégalaise, l’équipe de Bira Sène procède encore à des changements lors de la saison 2022-2023. Ces modifications du règlement ont notamment porté sur le déroulement des combats et l’organisation globale de l’enceinte de l’Arène nationale. On assiste alors à un changement sur la durée des combats particulièrement des grands combats qui passe à deux rounds de dix minutes (2x 10) et une prolongation de cinq (5) minutes au besoin. Mieux, pour veiller à limiter le risque d’insécurité avant, pendant et après les galas de lutte, le CNG contraint les organisateurs à respecter les nouvelles mesures que sont entre autres : Fin des « face à face » à minuit, « Touss » chorégraphie des lutteurs dès leur arrivée, coup d’envoi des combats préliminaires à 16H 15, mise en place d’une plage horaire et d’un espace pour le/les parrains de la journée, coup d’envoi du grand combat à 19H 15.
Intégration de la petite catégorie au Drapeau du Chef de l’État, élargissement des primes aux huitièmes de finale (lutte simple), Organisation du championnat d’Afrique de « Beach Wrestling »
Les points positifs du bilan de Bira Sène ne se limitent pas à là. Son équipe qui a eu à organiser quatre Drapeaux du Chef de l’État à Diourbel (2021), Kaolack (2022), Saint-Louis (2023) et Mbour (2024) a apporté une nouveauté lors de la 23e édition à Saint Louis avec l’intégration de la petite catégorie dans la compétition en individuel et par équipes. Cette décision a été prise dans le but de permettre aux jeunes athlètes sénégalais de se préparer en vue des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) qu’abritera Dakar en 2026.
Un des faits majeurs du bilan de Bira Sène est aussi l’organisation de la 2e édition des championnats d’Afrique de Beach wrestling (lutte de plage) en juin dernier à l’Arène nationale. Avec la participation de 33 pays africains, Dakar avait réussi le pari de l’organisation de cette compétition que la capitale accueillait pour la première fois.
Un « Lewtoo » sans fin avec les ténors de l’Arène et certains promoteurs
Toutefois, le fauteuil du Président du CNG a commencé à vaciller quand les VIP de l’arène sont montés au créneau cette saison pour dénoncer les sanctions financières démesurées. Avec à sa tête Gris Bordeaux, l’Association des lutteurs en activité s’était dressé contre l’administration de Bira Sène, appelant même le ministère des sports à faire un audit sur la gestion du CNG.Balla Gaye 2 est même allé plus loin en traitant les membres du CNG de voleurs. Il sera ensuite convoqué par le comité mais ne se présentera jamais devant la commission règlements et discipline. Ajouté à cela, certains promoteurs dont Baye Ndiaye (Al bourakh Events) ont tiré la sonnette d’alarme et appelé le CNG à la raison suite à la nouvelle règlementation sur l’heure du début des grands combats. Malgré cette pression subie en fin de mandat, M. Sène s’est dit serein quant à son futur. En marge de son dernier assemblée générale il y’a une dizaine de jours, le président sortant a remercié ses collaborateurs avant de confier : « dans le domaine où le Sénégal aura besoin de moi je dirais présent ».Mais en bon sérère avec la franchise qui le caractérise, il a tenu à répondre à ses détracteurs avant de rendre peut-être le tablier. « Il y’en a qui se sont lourdement trompés et de mauvaise foi. Il faut que les gens sachent que ce sont des responsables qui sont là et qui savent où mettre le pied » a-t-il martelé.
Wiwsport