Beaucoup de pathologies peuvent découler de la manière de la personne de s’alimenter. Elles sont nombreuses, les personnes addictives à un aliment. Comment s’alimenter et quelles sont les conséquences de ces addictions ? L’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (Ansts) a porté la réflexion mercredi dernier avec deux spécialistes dont le Professeur Mamadou Guelaye Sall et la nutritionniste Dr Bintou Cheikh Seck.
Beaucoup de gens ne peuvent pas se passer d’un produit alimentaire déterminé. Ils sont obligés d’en consommer quotidiennement ou plusieurs fois dans la journée. Selon le professeur Mamadou Guelaye Sall, membre de l’Académie nationale des sciences et de la techniques du Sénégal, ces derniers vivent une addiction alimentaire, c’est-à-dire des comportements anormaux en rapport avec l’alimentation jusqu’à arriver pratiquement à la dépression face au manque de ce type d’aliment. Selon le professeur Sall, tous les aliments peuvent être addictogènes mais le focus sur cette rencontre est mis sur la consommation du chocolat et des chips qui, en réalité, sont trop riches en sucre, en gras et renferment des substances cannabinoïdes, c’est-à-dire qui ont le même effet que le cannabis et donc rendent dépendantes certaines personnes. Outre la dépression, d’autres conséquences d’une dépendance alimentaire peuvent être des maladies cardiovasculaires. « Les autres conséquences des addictions alimentaires portent d’abord sur les déviations du goût puis la possible survenue de l’obésité, en particulier chez les enfants et aussi les maladies cardiovasculaires en raison de l’excès de sel et de gras qu’il y a dans certains de ces aliments, en particulier ceux qui sont ultra transformés, mais également le retentissement psychologique avec la perte de l’estime de soi, le manque de confiance et même la dépression » a-t-il fait savoir. Toutefois, pour s’en départir, Pr Sall a préconisé de commencer d’abord par dire : « que quand ça survient, c’est extrêmement difficile à manager, cela nécessite une approche pluridisciplinaire avec des actions sur l’individu, sur la famille, sur la société, en particulier sur les industries agroalimentaires pour le respect des normes de fabrication des aliments. Mais tout le focus doit être mis sur la prévention dès l’âge pédiatrique en utilisant ce qu’on appelle la fenêtre d’opportunité des mille premiers jours afin d’assurer aux enfants une bonne diversification alimentaire, un bon apprentissage des goûts et permettre ainsi leur plein épanouissement ».
La santé par les aliments
Pour Dr Bintou Cheikh Seck, diététicienne nutritionniste, on note dans le pays la progression galopante de ce qu’on appelle les maladies chroniques, les maladies non transmissibles, comme le diabète, comme les maladies du cœur, les maladies cardiovasculaires, les cancers. « On voit que dans moins d’une génération, d’après les projections de l’Organisation mondiale de la santé (Oms), ce sont ces maladies-là qui seront les principales causes de décès au Sénégal. Et qu’un facteur de risque majeur de ces maladies, c’est une mauvaise alimentation ou une alimentation mal saine, qui est une alimentation trop riche en sucre ajouté, trop riche en gras, en sel, en aliments industriels et qui est pauvre à l’inverse, en fruits, en légumes en aliments frais » a-t-elle ajouté. Et de poursuivre : «le message aujourd’hui que je voulais porter, c’est qu’on peut pourtant manger très sainement, d’après les préceptes scientifiques, avoir une alimentation saine, une alimentation équilibrée, en mangeant parfaitement local ». Pour Docteur Bintou Cheikh Seck, on a à notre disposition toutes les familles d’aliments dont le corps a besoin. Seulement, elle estime qu’il faut que les Sénégalais soient mieux sensibilisés, pour savoir les associer, comment les manger, comment les préparer, sans ajouter des excès d’huile, comment limiter le sel ajouté, quelle quantité à en manger, à quelle fréquence. « Il faut une véritable politique d’information et d’éducation des populations aujourd’hui, pour que nous mangeons mieux », a-t-elle renchéri.