Restaurer les finances publiques sur la base de la sincérité budgétaire, sans omettre de traduire en justice ceux qui ont falsifié les chiffres afin de présenter une image économique et financière reluisante du pays pour la période 2019-2023, s’impose comme un impératif pour le chef du gouvernement, Ousmane Sonko. Face à la presse nationale et internationale, le ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr, accompagné des ministres de la Justice, Ousmane Diagne, de l’Enseignement supérieur, Abdourahmane Diouf, et du secrétaire général de la Primature, Ahmadou Al Aminou Lo, a fait le point sur la situation des finances publiques, héritée du régime sortant du président Macky Sall. Sur ordre du président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, le rapport de l’Inspection générale des finances, établi en application de la « loi 20212-22 du 27 décembre 2012 », qui a transposé dans notre ordonnancement juridique la directive de l’UEMOA relative au code de transparence en matière de gestion des finances publiques, révèle que la dette publique du Sénégal ainsi que le déficit budgétaire sont bien plus élevés que les chiffres publiés par les autorités sortantes et communiqués à nos partenaires durant la période 2019-2023. En attendant que ledit rapport soit certifié par la Cour des comptes dans les semaines à venir, les manquements observés se révèlent d’une extrême gravité. Certes, il est vrai que la volonté politique de reddition des comptes et de transparence affichée par les nouvelles autorités expose le pays à divers risques, parmi lesquels la remise en cause de sa signature, une hausse du rendement des obligations souveraines du Sénégal, et des menaces sur la sécurité nationale. Toutefois, se conformer au principe de sincérité budgétaire constitue un rempart contre toute dégradation des perspectives économiques et garantit la stabilité financière du pays.

Redresser les finances publiques : un enjeu de crédibilité politique pour le Sénégal

Si le rapport de la Cour des comptes venait à corroborer celui de l’Inspection générale des finances, il serait impératif pour le Sénégal de restaurer ses finances publiques afin de respecter les principes budgétaires de cohérence, d’exhaustivité et d’exactitude des informations fournies. De surcroît, cela permettrait de repartir sur de nouvelles bases, de rassurer les partenaires techniques et financiers, et d’obtenir une vision globale de la comptabilité publique, indispensable pour définir les orientations stratégiques et établir les priorités du gouvernement. Ne pas s’y conformer conduirait inéluctablement le pays à la faillite, à l’instar de la Grèce dans un passé récent, ou d’autres nations telles que la Somalie, l’Afghanistan, Haïti, la Guinée-Bissau et la République démocratique du Congo, incapables de garantir la sécurité de leurs citoyens, avec des institutions structurellement dysfonctionnelles, des infrastructures publiques en ruines, un budget national quasi inexistant et une économie majoritairement informelle. En tout état de cause, les nouvelles autorités semblent s’inscrire dans une dynamique de transparence, de bonne gouvernance des ressources publiques et de renforcement de la confiance de leurs partenaires techniques et financiers. Cette orientation du régime en place paraît d’autant plus prometteuse au regard des potentialités en ressources naturelles du pays, notamment le gaz, le pétrole, les mines, ainsi que de la stabilité politique et de la vitalité de sa jeunesse. Au demeurant, le Sénégal demeure un partenaire stratégique pour les institutions de Bretton Woods, telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, qui recherchent précisément des pays présentant des caractéristiques similaires aux nôtres.

                                              JEAN PIERRE MALOU

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