L’économiste et enseignant à l’Université Alioune Diop de Bambey relativise le taux d’endettement de 84 % du Sénégal, sous réserve de la certification par la Cour des comptes. Selon lui, « aucun pays développé ou aspirant au développement, ne peut se passer de l’endettement ».
Interrogé sur le niveau d’endettement du Sénégal, jugé exorbitant par les nouvelles autorités politiques, l’économiste et maître de conférences à l’Université Alioune Diop (UAD) de Bambey, Souleymane Astou Diagne, précise d’emblée que l’endettement semble être la norme et, à ce titre, le Sénégal ne fait pas exception. Étayant son propos, il souligne que la dette publique mondiale a nettement augmenté ces dernières années, dépassant les 100 000 milliards de dollars, soit près de 93 % du produit intérieur brut mondial. Vu sous cet angle, l’économiste estime qu’il n’y a pas péril en la demeure concernant ces 84 % d’endettement du Sénégal. À l’en croire, sous réserve de la certification de ce surendettement par la Cour des comptes, l’enseignant et maître de conférences à l’UAD affirme que le tapage autour de la dette, constituée de celle de l’administration centrale (dette intérieure/extérieure) et de celle du secteur parapublic (dette intérieure/extérieure), relève avant tout du discours politique. Pour s’en convaincre, il rappelle que les présidents Abdoulaye Wade et Macky Sall s’y étaient déjà confrontés, et que le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye poursuit cette même tendance. Dans son argumentaire, il précise : « Il est tout à fait compréhensible que cette dette soit qualifiée d’‘élevée’, au regard des situations connues ces dernières années sur le plan mondial, entraînant la raréfaction des ressources et le durcissement des conditions de financement à l’échelle internationale ». L’économiste soutient fermement que tous les grands pays sont surendettés, à commencer par les États-Unis, l’Allemagne, la France, la Chine, entre autres. Ainsi, pour lui : « Développement rime avec endettement. Car, aucun pays aspirant au développement ne saurait se passer de l’endettement ». Quant à la volonté des autorités actuelles de se conformer au seuil communautaire d’endettement de 70 % du produit intérieur brut national, voire de se situer en dessous de ce seuil, l’économiste reconnaît que cela sera difficile à court terme, compte tenu des engagements d’investissement et des maigres ressources attendues des impôts et taxes. Toutefois, précise-t-il, si la volonté est clairement affichée, cela nécessitera des arbitrages budgétaires, notamment en matière de dépenses de fonctionnement. Pour justifier le surendettement, il met en avant la crise sanitaire, la guerre russo-ukrainienne et le conflit au Moyen-Orient entre autres, qui ont entrainé le durcissement des conditions de financement.
JEAN PIERRE MALOU