Sur 41 listes qui concourent à la conquête de la future législature, aucune femme ne figure en tête. C’est là un ratage que ne manque pas de relever madame Penda Seck Diouf, présidente du Groupe d’initiative des femmes (GIF), dans cet entretien accordé à PressAfrik. Au-delà, madame Diouf appelle à rompre avec l’image d’une femme parlementaire qui passe plus de temps au sein de l’hémicycle à applaudir et insulter qu’à défendre les intérêts des populations. Entretien.
A notre niveau, ce que nous déplorons en premier lieu est l’absence d’une femme en tête des listes. Sur 41 une listes aucune femme ne figure en tête de peloton. Je trouve cela inadmissible. Pour ce qui est de leur représentativité sur les listes, je pense il n’y a pas applaudir car c’est la loi sur la parité qui le dit. Les listes sont paritaires sous peine d’irrecevabilité. Donc, dans tous les cas les femmes sont en parité avec les hommes sur les listes. Sinon, elles ne sont pas recevables.
Qu’attendez-vous de la future législature, vous qui êtes dans la lutte contre les violences faites aux femmes ?
Nous nous attendons à une législature qui prenne en compte les préoccupations des femmes. D’une manière générale, nous nous attendons à ce que les préoccupations des populations soient prises en compte, femme comme homme. Au niveau des politiques publiques, le référentiel 2050 a été présenté. Et dans ce référentiel, nous voudrions une intégration du genre. Que ça soit au niveau de l’économie compétitive, au niveau du capital humain, au niveau de l’aménagement du territoire, du développement durable et au niveau également de la gouvernance qu’il y ait cette prise en compte du genre.
Nous ne voulons plus également que les femmes parlementaires soient discriminées au plan économique, social et environnemental. Nous ne voulons plus d’une législature où les femmes sont reléguées au second plan. De manière générale, nous ne voulons pas de députés d’un parti ou d’une personne. On ne voudrait pas que ça se passe ainsi. Le député étant un représentant du peuple, le député qui a une fonction ou un rôle important à jouer doit être une responsable. Il n’est pas nécessaire de rappeler le rôle important de l’Assemblée nationale. D’où un des rôles du député est aussi le contrôle de l’action gouvernementale.
Que faut-il faire en amont pour avoir ce type de profil dont vous faîtes mention ?
Pour cela, la future représentante du peuple doit être bien formée, bien capacitée pour comprendre les besoins et préoccupations des populations. En-tout-cas, on veut des députés d’envergure. À titre principal, il y a des préoccupations qu’on voudrait qu’elles soient posées.
L’élimination des violences faites aux femmes et aux filles. Le déni de paternité, particulièrement, également l’autorité parentale, la parenté partagée. Nous voudrions vraiment qu’il y ait équité à ce niveau aussi bien que le mari et la femme soit responsable au même titre de l’enfant dans tous les domaines.
Quelles sont les chances d’avoir une femme à l’Assemblée nationale ?
La présidence ou la présidente de l’Assemblée, ils sont choisis par un vote. Nous attendons de voir. Ce qu’on voudrait par contre qu’il y ait un bureau paritaire de l’Assemblée nationale. A la quatorzième législature, le bureau n’était pas paritaire. Le bureau de l’Assemblée nationale est une instance pas totalement élective. La loi sur la parité concerne les instances électives ou qui le sont plus ou moins. Dès lors on ne peut exempter le bureau de l’Assemblée nationale de cette loi. Maintenant, il faut faire une bonne lecture de la parité. Ce n’est pas parce que le président est élu, c’est un homme qu’il ne fait pas partie du vote du bureau de l’Assemblée nationale. Ce qu’on déplore, c’est qu’on ne voudrait pas que cela se reproduise. Donc il faut que le futur bureau de l’hémicycle soit paritaire.
Pensez-vous que les futures parlementaires (femmes) soient à même de défendre les intérêts et préoccupations des femmes ?
Le député, il est député du peuple. Il défend tout le monde. Maintenant, s’il y a des questions qui doivent être défendues pour la cause des femmes à l’Assemblée nationale, la femme doit être capable et en mesure de le faire. Je pense qu’il doit y avoir une bonne compréhension des lois, mais également des préoccupations et des besoins des populations. On nous oppose souvent les arguments selon lesquels les femmes ne sont pas formées. Elles sont bien formées. Il est vrai qu’elles ont besoin des renforcements de capacité et autres. Car elles ont besoin de bien comprendre ce qui est sur la table afin de bien argumenter et de défendre leurs idées. Et ceci est valable aussi bien pour les hommes que les femmes. Le député doit être en mesure de savoir faire et de savoir être.
Principalement, quelles sont les ruptures que vous attendez du futur Parlement ?
Nous attendons de cette future législature des comportements qui seront aux antipodes de ce que nous avons vu à la quatorzième législature. Nous ne voulons plus de femmes qui applaudissent, des femmes qui sont derrière les hommes. Nous ne voulons plus de femmes députés parce que investies par un parti et qui se disent député d’un parti ou d’ un homme. Nous voulons des députés dignes de représenter le peuple. L’Assemblée nationale est une institution importante. Par conséquent, les députés sont assujettis d’une lourde responsabilité. Par exemple, le vote des lois, le contrôle de l’action gouvernementale, etc.