Le niveau actuel d’endettement des Etats constitue une « menace sérieuse » pour l’économie et la stabilité financière au niveau mondial, selon le chef économiste de la Banque des règlements internationaux (BRI), une institution considérée comme la banque centrale des banques centrales. Depuis plusieurs années, la BRI met en garde contre les niveaux élevés de dettes des entreprises mais aussi des Etats qui se sont accumulées lors de la longue période de taux d’intérêts bas. « La trajectoire de la dette publique constitue la plus sérieuse menace pour la stabilité macroéconomique et financière à long terme », a déclaré Claudio Borio, chef du département monétaire et économique de la BRI, lors d’une conférence de presse à l’occasion de la publication mardi de son rapport trimestriel. « A un certain moment, même nous ne pouvons pas encore prédire quand, les marchés financiers y prêteront encore plus d’attention à moins que les autorités ne corrigent le cap », a-t-il ajouté. Selon lui, il y a cependant « des signes que les marchés financiers sont en train de commencer à réaliser qu’ils vont devoir absorber ces volumes grandissants de dette publique ». Si la BRI se refuse à des commentaires détaillés par pays, la France est à ses yeux une illustration « claire » de cette menace que représente la dette publique. « Les dettes souveraines sont une des plus grandes menaces, voire la plus grande menace à l’avenir, pour l’économie mondiale », a insisté M. Borio. Cette institution basée à Bâle, en Suisse, publie chaque trimestre un rapport dans lequel elle analyse l’évolution récente des marchés financiers. Dans le rapport publié mardi, elle note que l’optimisme a continué de prévaloir sur les marchés financiers ces derniers mois « en dépit de risques persistants ». Les indices boursiers aux Etats-Unis ont atteint des plus hauts historiques à l’issue des élections présidentielles, même si les performances ont été plus mitigées sur d’autres marchés, nuance-t-elle. La BRI relève toutefois une résurgence des inquiétudes concernant la situation budgétaire de plusieurs pays. Certains indicateurs sur le marché obligataire vont dans le sens d’un plus « grand inconfort des investisseurs », souligne-t-elle. La BRI a notamment pris en exemple la volatilité des bons du Trésor américains qui semble indiquer que les investisseurs demandent « une plus grande compensation du risque » pour détenir des emprunts d’Etat à long terme, écrit-elle dans son rapport trimestriel.