Le guide religieux mandingue, Mouhamed Gassama Diaby, a apporté de l’eau au moulin de ceux qui militent pour une abrogation de la loi d’amnistie. Dans le cadre de la cérémonie de la deuxième édition de la nuit du Prophète (PSL) qu’il a organisé, samedi dernier, à Rufisque, Dr Diaby a invité les nouvelles autorités à œuvrer pour la manifestation de la vérité sur les morts lors des évènements politiques entre 2021 et 2024.
Les religieux s’emparent du débat autour de la loi portant abrogation des crimes et autres fautes enregistrés lors des tensions qui ont émaillé la scène politique entre 2021 et 2024. A l’occasion de la deuxième édition du gamou de la cité Cora Fall, dans la commune de Rufisque Ouest, l’imam ratib du quartier a profité de la cérémonie officielle pour s’exprimer sur le sujet et approuver l’intention des nouvelles autorités politiques d’abroger cette loi d’amnistie. Pour Mouhamed Gassama Diaby, une telle loi cache une volonté de vouloir «protéger les criminels et leurs commanditaires». C’est pourquoi, il dit soutenir l’initiative contre cette loi. «Je suis pour la manifestation de la vérité. Je pense que les nouvelles autorités ont raison de vouloir abroger la loi d’amnistie, majoritairement votée par les députés du régime sortant», a dit l’imam Ratib. Invoquant les textes sacrés et la loi du talion, notamment le verset 45 de la sourate 5 (La Table Servie), «Et nous y avons prescrit pour eux, vie pour vie, œil pour œil, nez pour nez, oreille pour oreille, dents pour dents…» C’est la parole de Dieu», a dit le marabout. Le guide religieux de la communauté mandingue souligne qu’il s’agit de crime de sang et ils ne peuvent être pardonnés que par les victimes. «Celui à qui on a fait mal, c’est lui qui a le choix pour amnistier son bourreau». Et il ajoute que le livre sacré a averti ceux qui «ne jugent pas par ce que Dieu a descendu», pour dire qu’ils sont des «égarés». En plus d’un jugement pour les auteurs des crimes, le guide religieux demande au président de la République et à son Premier ministre d’indemniser les victimes, car seule une indemnisation peut soulager la peine des victimes. Le responsable religieux s’est, par ailleurs, félicité de l’acte posé par le président Bassirou Diomaye Faye à travers la création de la Direction des affaires religieuses et la nomination du Dr Djim Dramé à sa tête. Il a émis le souhait de voir la nouvelle institution et le nouveau pouvoir inscrire leur action, sur le plan religieux, dans une démarche inclusive qui prend en compte toutes les familles religieuses y compris les autorités de l’Eglise. Pour lui, cela pourrait permettre de corriger une pratique qui «excluait» certains foyers religieux.
WORE NDOYE