Arrivée en 2017 pour « restaurer la démocratie », après le refus de Yahya Jammeh de reconnaître sa défaite électorale, la force de l’Ecomig n’a pas encore quitté la Gambie. Ce qui ne plaît pas à tout le monde. Certains gambiens exigent son retrait pour permettre à l’armée nationale de prendre le relais.

Lors d’un récent débat à l’Assemblée nationale sur le projet de loi relatif au Conseil de sécurité nationale, plusieurs députés ont exprimé leurs inquiétudes quant à la présence continue de ces troupes de la CEDEAO sur le sol gambien. Certains révèlent qu’elles sont même à la Présidence.

« Nos propres hommes et femmes de l’armée sont négligés »

«  Nous sommes tous d’accord pour dire que notre pays n’est pas sûr. Notre palais présidentiel est occupé par des forces étrangères. Foni est sous le contrôle des forces étrangères tandis que nos propres hommes et femmes de l’armée sont négligés. Nous ne sommes donc toujours pas libres… », a fustigé le député de Foni Jarrol, Kebba Sanneh. Sa collègue de Banjul Sud, Fatoutamatta Njai, a abondé dans le même sens que lui : « Nous disons que nous voulons un bon service de sécurité, mais en ce moment, le président est protégé par des agents de sécurité étrangers. Allons-nous nous assurer que les Gambiens protègent notre président ? Ou bien  nous allons reconnaître que nous n’avons pas confiance en notre sécurité », s’est interrogée la députée.

« C’est vraiment triste que des parlementaires tiennent de tels propos »

Dans le camp de la majorité, on rejette en bloc les critiques des deux députés. « C’est vraiment triste que des parlementaires tiennent de tels propos. Qui est étranger ? Si vous comprenez les protocoles de la Cedeao, vous aurez honte d’élever la voix pour qualifier le contingent de l’Ecomig d’étranger. Ils appartiennent à cette  communauté et ils sont ici pour une bonne raison », a assené Bilay Tunkara, chef des groupes parlementaires soutenant l’action du gouvernement.

Son collègue du parti central Baddibu, Sulayman Saho, lui fait remarquer qu’aucun député gambien ne dénie aux soldats de l’Ecomig leur appartenance à la communauté. Seulement, il faut que la Gambie prenne en charge sa « propre sécurité ».

« Il y a des pays qui ont plus besoin (de l’Ecomig) que nous »

« L’Ecomig est arrivé à un moment où nous étions dans une impasse. Il n’y a plus d’impasse dans ce pays, alors pourquoi sont-ils ici ? Il y a des pays qui ont plus besoin d’eux que nous » a-t-il poursuivi. Le ministre de la justice qui est venu présenter le projet de loi, a invité les parlementaires à ne plus utiliser le terme « occupation étrangère », parce qu’en réalité la « Gambie n’est pas sous occupation ». Les soldats de l’Ecomig « ne sont pas une force d’occupation et je pense que ces précisions ont été apportées à plusieurs reprises dans le passé » a-t-il insisté.

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