Abdoulaye Wade, en 2008, n’a pas seulement donné naissance à Macky Sall, il a sculpté, sans le savoir, la trajectoire d’un homme qui, à son tour, allait remodeler le paysage politique sénégalais. Macky, un temps « protégé » de Wade, devient son bourreau, et la « création » politique se mue en une danse macabre où les pions ne cessent de se retourner. Mais ce phénomène n’est pas inédit. Il a été reproduit à l’envi. Lorsque Macky, désireux de museler une opposition trop bruyante, a cru pouvoir ignorer ou neutraliser des figures montantes, il a fini par créer de nouveaux monstres, à l’image d’Ousmane Sonko, le phénomène devenu menace politique incontournable. Quand on joue à ce jeu de l’instrumentalisation, il y a des effets secondaires inattendus et parfois, c’est l’un des fils qui vous file entre les doigts. Mais voilà que le jeu des créations politiques se poursuit. Cette fois, c’est Barthélemy Dias qui se retrouve dans la ligne de mire. Le « justicier » de Dakar, dans une sorte de mode « révolté pour cause », semble incarner ce qui peut bien arriver à un opposant trop enthousiaste. Ses gardes du corps se font arrêter, son poste à l’Assemblée en danger et son statut de maire de la capitale aussi incertain que celui des impôts à la fin de l’année. Et pourtant, Barthélemy sait tirer parti de chaque coup du sort, jouant la carte de la victime avec un timing impeccable. Après tout, l’indignation politique a toujours un goût un peu sucré. Mais derrière ces drames théâtraux, la réalité est plus simple : Barthélemy Dias est radié des listes électorales. Son parti, Taxawu Senegaal, est aussi fragile que ses ambitions sont grandes. Aucune représentation à l’Assemblée. Aucun député dans l’hémicycle. Le destin de ce mouvement semble aussi incertain que l’héritage de Khalifa Sall, dont le fauteuil ne trouvera peut-être jamais son véritable occupant. Disons un héritage politique suspendu sur le fil du rasoir !