Les derniers grains de sable sont en train de tomber dans le sablier. L’année 2024 tire à sa fin avec son lot d’évènements, de surprises et de retournements spectaculaires de situation qui ont tenu en haleine tous les sénégalais. Comme il est de coutume à Seneweb à chaque fin d’année, la (et/ou les) personnalité qui s’est le plus fait remarquer dans la ‘’sénégalosphère’’ est désigné ‘’Homme de l’année’’. En 2024, le choix de la Rédaction s’est porté -à l’unanimité- sur le tandem Diomaye-Sonko. Son génie politique aidant, le duo à la tête du pouvoir a réussi à faire capituler le sphinx beige-marron (Macky Sall et ses sbires) mettant fin à 3 ans (2021-2024) d’âpres bras de fer politico-judiciaire. Par un coup de théâtre renversant, le couple ‘’Diomaye mooy Sonko’’ a quitté l’hôtel zéro étoile (le 15 mars) pour les lambris dorés Palais (le 2 avril) au bout d’une campagne ultra rapide (10 jours). Les anciens ‘’taulards’’ déroulent ainsi, depuis 8 mois, les jalons de leur ‘’projet’’ de rupture systémique.
Poignée de mains, sourires, tapes à l’épaule… ce sont les clichés publiés par la présidence de la République, le jeudi 28 mars 2024 (quatre jours après l’élection Présidentielle), montrant le Président Macky Sall recevant au Palais ses plus farouches opposants (Sonko et Diomaye) fraîchement portés au pinacle de la magistrature suprême. Ces images d’échange de ‘’courtoisie’’, après un long bras de fer et des dizaines de morts, seront à jamais gravées dans les annales de l’histoire. En ce sens, qu’elles symbolisent -à elles seules- l’année 2024 pour les 18 millions de sénégalais. Elles (ces images) recollent les morceaux craquelés de la vitrine démocratique que reflétait jadis le Sénégal en Afrique et au-delà du continent. L’ancien président de la République et les responsables du parti Pastef (Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye) se sont livrés, pendant trois ans, la plus farouche adversité politique qui a fini de se muer en une véritable animosité depuis l’affaire Sweet Beauté en mars 2021, balafrant ainsi la réputation démocratique du pays. Entre emprisonnement systématique des responsables et militants de Pastef, manifestations réprimées dans le sang (des dizaines de morts, selon Amnesty internationale), utilisation de la justice à des fins politiques, usage disproportionné de la force publique, l’ancien régime a usé de tous les armes pour enterrer vivant le Pastef, ses responsables et ses militants. Ainsi, plus 2500 personnes proches des anciens opposants dont Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye ont été mis sous les verrous et le parti dissous. Virtuose politique, du fond de sa cellule, Ousmane Sonko a fait preuve d’une grande ingéniosité pour faire capoter les plans de l’ancien régime après avoir réussi à contraindre Macky Sall à renoncer à son projet de troisième mandat. De la prison du Cap Manuel, Sonko a usiné le plan B du Pastef -soigneusement gardé secret-, tout en bataillant ferme, en parallèle, contre une entreprise savamment orchestrée dont l’ultime but était de frapper sa candidature d’inéligibilité. Considéré comme un écran de fumée, la candidature de Bassirou Diomaye Faye a été minimisée par l’ancien régime jusqu’à sa validation par le Conseil Constitutionnel. Mais, la déclaration de Sonko en faveur de l’ancien secrétaire général du Pastef et la publication des affiches ‘’Diomaye mooy Sonko’’ bouleversent le camp de Macky Sall qui, pris de court par les évènements, décide de reporter l’élection présidentielle à quelques heures du démarrage de la campagne avant d’être remis à l’ordre plusieurs jours après par le Conseil Constitutionnel.
‘’Diomaye mooy Sonko’’, plus qu’un ‘’ndiguël électoral’’
Mis en liberté le 15 mars à la faveur de la loi d’amnistie générale des manifestations politiques entre 2021 et 2024, le candidat Bassirou Diomaye Faye et son mentor Ousmane Sonko n’ont pas perdu de temps pour vendre aux sénégalais le plan ‘’Diomaye mooy Sonko’’. Ainsi, au soir du 24 mars, au terme d’une campagne ultra rapide de moins de 10 jours, avec ce slogan qui a fait mouche, Diomaye est élu avec 54% des voix, devenant ainsi le premier opposant élu dès le premier tour. Des cellules crasseuses du Cap Manuel, Diomaye et Sonko atterrissent aux lambris dorés du Palais de l’avenue Leopold Sédar Senghor de Dakar. Plus qu’un appel au vote en faveur de Bassirou Diomaye Faye, le slogan ‘’Diomaye mooy Sonko’’ est en réalité une mode de gouvernance en tandem avec à la clé un exécutif à deux têtes symbolisé par un Président de la République fort et un Premier aux prérogatives renforcés. Un partage de responsabilités décrié par certains qui l’assimile à de la soumission envers son mentor et premier ministre. Mais Diomaye qui assume sa posture, clôt le débat lors d’une interview avec la presse nationale à l’occasion de ses 100 premiers jours. « Ça fait dix ans maintenant que je lutte pour qu’Ousmane Sonko s’installe sur le fauteuil présidentiel. Je n’ai pas abandonné cette lutte et je ne compte pas l’abandonner, soyons clairs. Je l’encourage non pas à lorgner le fauteuil présidentiel, mais à le regarder sans sourciller », déclare le Chef de l’État qui confirme ainsi la relation de confiance qui le lie avec Sonko.
« Jub Jubbal, Jubanti », Les premiers jalons de la rupture systémique
Installés dans leurs nouvelles fonctions, le successeur de Macky Sall et son mentor, longtemps caricaturés de stagiaire à la conquête du pouvoir, ont bluffé tout le monde par leur capacité d’adaptation. Il leur a fallu quelques mois pour enfiler à la perfection les habits de chefs de l’exécutif malgré leur impréparation. En effet, le tandem s’est mis au travail dès le 2 avril dernier. La toute première mesure émanant du tout nouveau président de la République, est tombée le soir de sa prise de fonction. Il procède sans tarder à la nomination du premier ministre : Ousmane Sonko. De mémoire de Sénégalais, jamais un Premier Ministre n’a été choisi dans un timing aussi éclair. Certes, le choix ne faisant pas l’ombre d’un doute vu le rôle central que Sonko a joué dans l’élection de Diomaye. Quelques jours après, le 8 avril, le président adresse à l’administration sénégalaise une lettre aux relents mobilisateurs pour une administration responsable et au service exclusif des Sénégalais. Le président Diomaye invite -à travers cet appel- les fonctionnaires de l’État à souscrire au triptyque principiel « Jub, Jubbal, Jubanti » qui gouvernera son magistère et sur lequel il entend adosser la politique publique sous la marque du souverainisme. Une invite qui sert de boussole à son premier ministre Ousmane Sonko dans sa conduite de l’action gouvernementale avec comme programme le référentiel Sénégal 2050 lancé le 14 octobre dernier.
Un rayonnement à l’international
Sur la scène internationale, ceux qui doutaient des capacités du binôme Diomaye-Sonko à discuter d’égal à égal avec Macron, ou de tenir tête à Poutine, ont rapidement reconsidéré leur position. Le jeune président sénégalais et son premier ministre ont très tôt illustré leur ancrage dans la nouvelle vague d’élites politiques africaines décomplexées qui font bouger les lignes dans tout le continent et qui ont sonné le glas du paternalisme occidental vis-à-vis de l’Afrique. A l’assemblée générale de l’Onu, à la Cedeao, au sommet de l’OCI, devant ses homologues de la France ou encore de la Russie, le Président Faye, par sa posture, a redonné au Sénégal son lustre d’antan. Au même moment, son Pm rétablit les liens entre le Sénégal et les pays de l’AES démissionnaire de la Cedeao. Des hauts faits parmi tant d’autres -qu’on ne saurait être listés avec exhaustivité- qui ont permis au tandem Diomaye-Sonko de marquer d’une empreinte indélébile l’année 2024.