Sur le plan économique, le Sénégal a vécu d’un côté, une excellente nouvelle qui va durablement impacter le développement du pays et de l’autre une situation ‘’catastrophique’’ jusqu’ici inimaginable.

 
La fin des accords de pêche avec l’Union européenne est aussi un événement à prendre en compte. Par contre, cette performance est jusqu’ici plus une affaire de chiffres. Dans le quotidien des Sénégalais, il n’y a aucun impact positif. Au contraire, le pays a connu une année économique assez difficile en 2024. « La croissance économique pour 2024 est maintenant projetée à 7,1 % contre 8,3 % auparavant, reflétant une activité économique impactée au premier trimestre par le contexte électoral et un démarrage retardé de la production de gaz jusqu’en décembre 2024 », notait le Fmi en mai dernier, à l’issue d’une mission de ses services.
Ce climat de tension politique a été certes suivi d’une accalmie et même une euphorie après la victoire de Pastef, mais l’incertitude persistait toujours du fait que le pouvoir en place n’avait pas de majorité à l’Assemblée nationale pour gouverner. La majorité parlementaire s’est opposée à toute initiative avant la déclaration de politique générale du Premier ministre Ousmane Sonko, nommé en avril. En juin, à la place d’une loi de finance rectificative (LFR), le gouvernement opère une levée de fonds de 508 milliards à travers des eurobonds, au grand dam du Fmi. Le budget 2025 sera alors bloqué par l’opposition parlementaire avant que l’Assemblée ne soit dissoute par le chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye. Son camp, le Pastef, va remporter largement les élections législatives anticipées du 17 novembre. Mais à ce jour, le Sénégal n’a pas encore de budget pour 2025. Les projets de loi portant LFR 2024 et LFI 2025 n’ont été adoptés que le mardi 3 décembre lors d’un conseil des ministres anticipé en raison de l’agenda du chef de l’Etat (voyages).
 
Coup de tonnerre 
 
En plus, pour faire face à la spoliation foncière et à l’occupation illégale du sol, le président Bassirou Diomaye Faye a pris un décret de suspension de tous les chantiers de construction dans certaines zones sensibles ou à problème (le littoral, à Thiès…). Cette mesure a eu un impact certain dans le secteur du bâtiment, un des secteurs les plus dynamiques de l’économie sénégalaise.
 
Mais le coup de tonnerre a surgi en septembre. Dans une conférence de presse retentissante, le Premier ministre Ousmane Sonko, accompagné des membres du gouvernement, accuse l’ancien régime d’avoir falsifié les comptes publics. « Le régime de Macky Sall a menti au peuple, a menti aux partenaires, a tripatouillé les chiffres pour donner une image économique, financière, qui n’a rien à voir avec la réalité ».
 
Selon le PM, le déficit budgétaire réel est de 10,4% et non 7,1%. La dette publique, dit-il, s’élève à 76,3 %, loin des 65,9% déclarés par le régime de Macky Sall. « Nous étions loin de nous imaginer que les choses étaient aussi catastrophiques », s’étonne le chef du gouvernement. Une sortie présentée par le Pm comme un exercice  de transparence dont il mesure lui-même les risques à l’international.
 
Le Fmi prend acte et presse le gouvernement à prendre des mesures correctives, notamment en agissant sur les subventions à l’énergie. Sur le marché financier, la réaction ne s’est pas fait attendre. Début octobre, l’agence Moody’s abaisse la note du Sénégal de Ba3 à B1 et le pays est classé ‘’sous surveillance’’. Autrement dit, cette dégradation de la signature du Sénégal va rendre le crédit plus difficile et plus cher pour Dakar. Dans la foulée, le Fmi annule un décaissement prévu en octobre, obligeant le gouvernement à recourir au marché de l’Uemoa pour 300 millions de dollars, soit 181 milliards F Cfa. Selon l’agence Reuters, reprise par la presse locale, le Sénégal devra attendre au plus tôt en juin 2025 pour éventuellement un nouveau décaissement du Fmi.

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