La situation en Afrique de l’Ouest et au Sahel est marquée par des tensions géopolitiques croissantes qui impliquent plusieurs acteurs régionaux et internationaux. La récente escalade des accusations entre l’Alliance des États du Sahel (AES) et la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a mis en lumière les divergences au sein de la région, notamment en ce qui concerne les rôles respectifs des pays dans la lutte contre le terrorisme et les influences extérieures. Les accusations réciproques de déstabilisation, principalement entre le Nigéria et certains pays du Sahel, montrent à quel point la question de la sécurité et de l’influence géopolitique est complexe et sensible.

 
Le 22 décembre 2024, l’AES, une organisation regroupant plusieurs pays du Sahel, avait annoncé avoir mis ses forces armées en « alerte maximale » en raison de ce qu’elle qualifiait de « manœuvres de déstabilisation ». Selon les dirigeants de l’AES, ces actions étaient menées par une poignée de chefs d’État de la CEDEAO, qui, selon eux, imposaient des agendas étrangers et des intérêts personnels. Le président du Niger, le général Tiani, a particulièrement ciblé le Nigéria et la Côte d’Ivoire, accusant ces pays d’être des bases pour des forces de déstabilisation soutenues par la France. Il a affirmé que l’armée française, loin de se retirer, continuait d’opérer en Afrique, avec des vols entre le continent et la métropole qui camoufleraient des actions militaires secrètes.
 
Dans sa réponse, la CEDEAO a rejeté ces accusations comme étant « infondées » et a exprimé son « profond regret » face à ces allégations. La communauté régionale a apporté son soutien sans réserve au Nigéria, qualifiant le pays de pilier pour la paix et la sécurité en Afrique de l’Ouest. Le communiqué a souligné que le Nigéria, sous la présidence de Bola Tinubu, restait un défenseur de la stabilité régionale, et qu’il était injuste de l’accuser de parrainer le terrorisme. De plus, la CEDEAO a rappelé que, depuis des années, le Nigéria et d’autres États membres jouent un rôle central dans le maintien de l’ordre et de la sécurité dans plusieurs pays ouest-africains. Ce soutien se manifeste à travers des missions de paix et des interventions militaires dans des contextes de crise. Par conséquent, la CEDEAO a fermement rejeté toute insinuation selon laquelle un pays aussi engagé pour la paix puisse être impliqué dans des activités de déstabilisation.
 
Les accusations de l’AES et la réponse de la CEDEAO illustrent la complexité des relations géopolitiques dans la région du Sahel. D’un côté, la CEDEAO est perçue par certains comme un acteur incontournable pour le maintien de la stabilité en Afrique de l’Ouest. De l’autre, l’AES, qui représente des pays directement affectés par le terrorisme et l’instabilité, exprime des frustrations face aux manœuvres de certains membres de la CEDEAO qu’ils considèrent comme déconnectées des réalités du terrain. L’intervention de la France dans cette dynamique, longtemps perçue comme une ex-puissance coloniale, alimente davantage les tensions, chaque camp l’accusant de manipuler des forces extérieures à ses intérêts.
 
Le président Tiani, en accusant ouvertement le Nigéria et la Côte d’Ivoire de soutenir des forces de déstabilisation, a mis en lumière les divergences internes à la CEDEAO.
 
Les relations entre la CEDEAO et l’AES sont au cœur d’une dynamique géopolitique qui oscille entre solidarité régionale et rivalités politiques. Le rejet des accusations par la CEDEAO ne suffit pas à apaiser les tensions dans un Sahel dévasté par la guerre et l’instabilité. Le rôle de puissances extérieures, telles que la France, et les ambitions divergentes au sein même de la CEDEAO, continuent d’alimenter des conflits latents qui risquent de miner la coopération régionale. Il est évident que la situation dans le Sahel requiert plus que de simples déclarations ; des actions concrètes sont nécessaires pour instaurer un véritable dialogue entre les pays concernés et assurer la stabilité à long terme. Dans le contexte, la transparence et la coopération, même en période de différends, doivent être la priorité pour éviter une nouvelle escalade du conflit.

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