La question est sur toutes les lèvres dans la région Sud. Faut-il changer le mode et le format de célébration de l’anniversaire du naufrage du  bateau «Le Joola» ? Chaque année, c’est le même  rituel : aéroport – Kantène – port de Ziguinchor –  dépôt de gerbe de fleurs – discours (de promesses d’engagements) ; même parcours des Officiels pour célébrer les anniversaires du naufrage du navire «MS Le Joola» qui assurait la liaison maritime Dakar-Ziguinchor dans l’océan atlantique, au large des côtes gambiennes, le 26 septembre 2022.

Demain, jeudi 26 septembre, les autorités sénégalaises et les familles des victimes du «Joola», vont commémorer, aussi bien à Ziguinchor qu’à Dakar, l’événement le plus douloureux de l’histoire des drames maritimes en temps de paix. 22 ans après le  naufrage du «Joola», les cérémonies, sur fond de promesses et d’engagements étatiques non tenus se suivent et se ressemblent.

Aujourd’hui, ils sont nombreux à Ziguinchor ceux qui plaident pour une autre façon de célébrer les anniversaires du naufrage du ferry «Le Joola». Cette volonté est d’autant plus affirmée dans la région qui a payé le plus lourd tribut à ce drame qu’elle est manifestée en cette veille de la commémoration de la plus grande catastrophe maritime, en termes de pertes en vies humaines (plus de 1863 morts officiellement et 64 rescapés), que l’humanité ait connue, le 26 septembre 2022.

Elle vient avant celle du Titanic, le paquebot «insubmersible» qui a coulé en moins de trois heures, à 2 h 20, pour avoir heurté un iceberg sur tribord, le dimanche 14 avril 1912 à 23 h 40. Entre 1490 et 1520 personnes (sur 2200 passagers) ont péri  dans ce naufrage jusque-là l’une des plus grandes catastrophes maritimes en temps de paix et la plus meurtrière pour l’époque. Ce naufrage survenu dans la nuit du dimanche 14 au lundi 15 avril 1912 dans l’océan Atlantique Nord, au large de Terre-Neuve, a mis fin à la traversée inaugurale du «RMS Titanic», un paquebot qui devait relier Southampton à New York.

DEUX STRUCTURES PARALLELES DE FAMILLES DES VICTIMES SE DISPUTENT L’ORGANISATION DES ACTIVITES DE L’AN 22 DU NAUFRAGE DU «JOOLA»

Selon certains, ces cérémonies de commémoration sont devenues un moyen pour gagner de l’argent. Ahmadou  Diédhiou, enseignant, partage cet avis. «Il faut juste prier pour les victimes du naufrage dans les mosquées et églises et arrêter tout ce cérémonial qui tourne parfois autour d’un «renflouement des poches» avec de l’argent.  Je ne peux comprendre qu’on profite de cette célébration pour chercher de l’argent de façon déguisée…», se désole-t-il

Et  M. Badji de poursuivre : «chaque année, c’est la même chose. Des discours au port ; de l’argent pour les responsables de l’association (des familles des victimes) pour l’organisation. Finalement, on ne se retrouve plus».

Un autre Ziguinchorois, Aliou Danfa, d’abonder dans le même sens : «Depuis 21 ans, rien ne semble évoluer, excepter la question des indemnisations. Chaque année, les mêmes doléances reviennent. Et cette année encore, l’on me dit qu’ils (les responsables)  posent la question du renflouement (du bateau) tout en sachant qu’il sera difficile de renflouer un navire qui est resté 21 ans dans les eaux. Pire, les responsables des familles des victimes se crêpent les chignons, mettant en place deux structures parallèles qui se disputent l’organisation des activités de l’an 22 du naufrage du «Joola». Tout ça, pourquoi», se demande-t-il.

DES PRIERES DANS LES EGLISES, MOSQUEES ET UNE MINUTE DE SILENCE DANS LES LIEUX DE TRAVAIL SUFFISENT… EN HOMMAGE AUX VICTIMES DU «JOOLA»

Justement, entre autre griefs, le format de la célébration de l’anniversaire du naufrage du «Joola» semble ne plus plaire à certaines populations du Sud. Région ayant payé le plus lourd tribut, Ziguinchor va célébrer dans les prochaines heures  la 22e année de cette terrible tragédie qui a officiellement fait 1863 morts. Pour de nombreux Ziguinchorois, des prières le matin du 26 septembre dans les églises, mosquées et une minute de silence dans les lieux de travail en la mémoire des disparus suffisent à matérialiser cet hommage aux victimes du «Joola».

D’ailleurs, il faut reconnaitre que les mobilisations faiblissent d’année en année à Ziguinchor, lors des commémorations du drame, suscitant de nombreuses interrogations. Pourquoi les familles des victimes ne se mobilisent-elles plus comme avant ? Les populations sont-elles languies du même rituel ? Des questions agitées aujourd’hui par les populations qui ont un tout autre regard de ce format de célébration des anniversaires du naufrage du bateau à Ziguinchor.

L’association en charge des préoccupations des familles des victimes a tout de même réalisé des pas de géant dans l’évolution du dossier de cette tragédie. Même si certains reconnaissent bien les efforts de ces responsables de l’association  qui se déploient volontairement depuis plus d’une vingtaine d’années, il n’en demeure pas moins que cette structure est souvent pointée du doigt par d’autres qui ne comprennent pas parfois les agissements de certains responsables de l’association  qui, à l’approche des célébrations, mettent la pression sur l’Etat pour avoir des fonds pour l’organisation de la journée. A-t-on besoin de millions pour célébrer une telle journée, s’interrogent les détracteurs ?

LE PM OUSMANE SONKO, A LA TETE DE LA DELEGATION OFFICIELLE, SAUF CHANGEMENT DE DERNIERE MINUTE

Surtout que les familles des victimes, toujours attristées par la perte de proche(s), préfèrent une célébration dans la plus grande sobriété  à la place du «tintamarre» imprimé par ces responsables qui se sont même permis de désigner une «marraine» pour certains anniversaires comme  l’an 20 du naufrage célébré en 2022. Une première pour un si malheureux évènement. Peut-être que ce 22e anniversaire sera un tournant dans le format de la célébration des anniversaires du naufrage.

En attendant, sauf changement de dernière minute, c’est le Premier ministre, Ousmane Sonko, qui devrait conduire la délégation officielle qui, après sa descente à l’aéroport du Capskiring, devrait directement filer vers Ziguinchor pour rallier le cimetière mixte de Kantène (où reposent une quarantaine de victimes du naufrage), avant de rejoindre le Musée-Mémorial Joola de Ziguinchor pour un dépôt de gerbe de fleurs suivi des discours.

Ignace NDEYE & ID

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